Contextualisations, communication et cognition (partie 2)
Système de codage, système d’ostension-inférence Pour D. Sperber et D. Wilson, une mimique est un “stimulus non codé” (p. 232) : le fait de faire semblant de conduire une voiture, pour indiquer à son partenaire que l’on souhaite partir d’une rencontre relèverait d’une ostension non codée : de telles ostensions feraient que les hypothèses inférées à leur sujet manqueraient de pertinence : “Les seules hypothèses.pertinentes que de tels gestes rendent manifestes sont des hypothèses sur l’intention informative de l’auteur du geste”. Certains stimuli ostensifs seraient complètement dépourvus de pertinence en dehors de leur caractère ostensif. Un acte terroriste réussit beaucoup mieux à attirer l’attention qu’à communiquer un message facilement décryptable. Là encore, se posent des problèmes de traduction ou de transcription, non seulement entre expressions gestuelles et verbales, mais aussi entre écoles pragmatiques ! Dans la perspective ouverte par G. Bateson, les gestes ostensifs sont considérés comme des messages codés analogiquement. Le fait de faire semblant de “tourner un volant fictif” n’est compréhensible que dans une société où les automobiles existent. Il s’agit bien là d’un code, qui reste absolument non décryptable en dehors d’un tel contexte. De même, les mimiques invariantes au sein d’une espèce (l’expression des émotions primaires), voire même l’aspect général d’un organisme peuvent être faussement décodés par les individus d’une autre espèce. La tête du dromadaire ou du chameau nous semble exprimer une attitude altière et méprisante. Le bâillement de l’hippopotame ne signifie pas qu’il est fatigué, mais correspond à l’expression d’une menace. L’aspect “bonhomme” de l’ours aux yeux d’humains naïfs est particulièrement trompeur, et conduire à des mésaventures tragiques devant la puissance agressive de l’animal. Autrement d
Contextualisations, communication et cognition (partie 1)
CONTEXTUALISATIONS, COMMUNICATION ET COGNITION** (PARTIE 1) "Jacques Miermont* La notion de contexte mérite d’être étudiée tant du point de vue des théories de la communication, que du point de vue des théories de la cognition. Bien plus, les processus communicationnels et cognitifs semblent extrêmement interdépendants tant ce qui concerne la compréhension que la création de contextes. Alors que G. Bateson envisage l’étude de la cognition dans celle de la communication (Communication, a Social Matrix of Psychiatry, trad. franç. : Communication et société), D. Sperber et D. Wilson inscrivent l’étude de la communication dans celle de la cognition (La pertinence). Je proposerai l’hypothèse selon laquelle l’autonomie d’un organisme vivant et d’une organisation reliant plusieurs organismes surgit par la création de “boucles étranges” qui relient la communication et la cognition, c’est-à- dire de hiérarchies enchevêtrées entre contextes de présentation et contextes de représentation.Il apparaîtra de plus que l’étude des contextes est intrinsèquement liée à la production et à la compréhension des signes normaux et pathologiques, dans leurs dimensions pragmatiques (effets concrets liés à leur usage), syntaxiques (agencements des signes) et sémantiques (sens et significations liées à leurs systèmes de référence). CONTEXTE ET COMMUNICATION Peut-on définir le contexte ? S’il est un chercheur qui a insisté sur l’importance des effets contextuels dans la compréhension des signes normaux et pathologiques, voi
Réforme de pensée, transdisciplinarité, réforme de l'Université
Réforme de pensée, transdisciplinarité, réforme de l'Université par Edgard Morin Nous savons que le mode de pensée ou de connaissance parcellaire, compartimenté, monodisciplinaire, quantificateur nous conduit à une intelligence aveugle, dans la mesure même où l'aptitude humaine normale à relier les connaissances s'y trouve sacrifiée au profit de l'aptitude non moins normale à séparer. Car connaître, c'est, dans une boucle ininterrompue, séparer pour analyser, et relier pour synthétiser ou complexifier. La prévalence disciplinaire, séparatrice, nous fait perdre l'aptitude à relier, l'aptitude à contextualiser, c'est-à-dire à situer une information ou un savoir dans son contexte naturel. Nous perdons l'aptitude à globaliser, c'est-à-dire à introduire les connaissances dans un ensemble plus ou moins organisé. Or les conditions de toute connaissance pertinente sont justement la contextualisation, la globalisation. Ces conditions se rappellent à nous d'autant plus que s'ouvre une ère planétaire d'inter-solidarité. Ajoutons que la disjonction historique entre les deux cultures, la culture des humanités, qui comportait la littérature, la philosophie, mais surtout une possibilité de réflexion et d'assimilation des savoirs, et la nouvelle culture scientifique, fondée sur la spécialisation et la compartimentation, aggrave les difficultés que nous pouvons avoir à réfléchir sur les savoirs et, là encore, à les intégrer. Ainsi, vivons-nous sous l'empire de ce qu'on pourrait appeler un paradigme de disjonction. Or il est évident que la réforme de pensée ne vise pas à nous faire annuler nos capacités analytiques ou séparatrices mais à y adjoindre une pensée qui relie. Certes, il ne suffit pas de dire " Il faut relier " pour relier : relier nécessite des concepts, des conceptions, et ce que j'appelle des opérateurs de relian
Le paradoxe tue-t-il le système ou l’enrichit-il ?
Le paradoxe tue-t-il le système ou l’enrichit-il ? Source :http://www.mcxapc.org Par Evelyne BIAUSSER, Conseil en Organisation auprès de la Fonction Publique Territoriale, Enseignante en Communication, GRH, Epistémologie. evelyne.biausser@laposte.net Résumé : Dans un premier temps, j’énoncerai les différents paradoxes auxquels sont confrontés les décisionnaires dans le monde du travail, comme autant dinjonctions contraires, se traduisant par des divorces cognitifs ou éthiques, et composant un environnement organisationnel chaotique. Comment en effet fonctionner entre urgence et construction, entre créativité et censure, entre linéarité et discontinuité du temps comme des intentions, entre implication et destructuration, entre moralité et tricherie, entre cohérence et deconnexion de la réalité, entre muthos et logos, entre permanence et mobilité interne, entre décidabilité et indécidabilité ?Comment enfin faire coïncider l’hélice humaniste et l’hélice du pouvoir ? Comment continuer à véhiculer des valeurs
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