Penser la complexité : Du monde à l’individu
Penser la complexité
Du monde à l’individu
LA COMPLEXITÉ DANS LES SCIENCES SOCIALES
De la société à l’individu, domaines par excellence de l’interpénétration, de l’interaction et de la globalité, comment affronter la complexité dans les sciences humaines sans céder à l’éclectisme ?
JACQUES LÉVY
Géographe, professeur à l’université de Reims et à l’Institut d’Etudes politiques de Paris, animateur de la revue Espace Temps.
" IL FAUT rendre les choses aussi simples que possible, mais pas plus. " Cette phrase, attribuée à Albert Einstein, exprime une idée fondamentale. D’Aristote à Descartes, s’est développée ce qu’on peut appeler la démarche analytique, qui consiste à décomposer tout nouveau problème en une série de problèmes élémentaires dont on connaît déjà la solution. Cette démarche rencontre des limites. Il existe des objets d’étude pour lesquels cette méthode ne peut être que partiellement efficace, quand elle n’est pas totalement inopérante. C’est particulièrement vrai dans les sciences sociales. C’est ce que je vais essayer de montrer à travers deux "exemples", qui sont plutôt trois problèmes majeurs et transdisciplinaires : le monde et l’individu.
Hétérogène mais pas hétéroclite
L’échelle mondiale n’est pas complexe du seul fait de sa taille (1). On peut rencontrer un foisonnement infini de " faits " et d’informations dans n’importe quelle réalité empirique, aussi petite soit-elle. Le monde exige pourtant des procédures spéciales car il contient une complication considérable : il englobe tous les groupements humains suffisamment cohérents pour qu’on puisse les considérer comme des sociétés, sans en être une lui-même. A la complexité de celles-ci s’ajoute le désordre de relations inter-sociétés encore régulées par la violence des Etats, ceux-ci étant défiés " par le bas " avec l’affirmation communautaire et " par le haut " avec la mondialisation des échanges et des marchés. Dans ces conditions, la tentation la plus forte pour les sciences sociales, c’est l’éclectisme. Un éclectisme distributif pourrait-on dire, puisque chaque discipline explore un aspect de la mondialité dans son coin, en ignorant superbement les autres ou en l’acceptant à contre-coeur comme annexe à sa problématique. De fait, les anthropologues des différentes " aires de civilisation " discutent peu avec les spécialistes de relations internationales ou de géopolitique, eux-mêmes ne lisant que rarement les travaux des économistes internationaux. Quant à ceux qui prétendent fédérer toutes ces approches dans une démarche commune, tous les autres s’accordaient jusqu’à présent pour les traiter de farfelus.
Architecture du monde actuel
Nous avons bâti un modèle (2) qui cherche à articuler quatre niveaux d’organisation le niveau des communautés, celui des Etats, celui du marché, et enfin celui de la société mondiale en voie de constitution. Apparues successivement, ces quatre dimensions fonctionnent aussi simultanément, comme quatre manières concurrentes de fabriquer de la mondialité :
· niveau 1, les communautés. Une mosaïque de "cultures " incommensurables les unes aux autres et dont la rencontre est le plus souvent marquée d’une extrême violence ;
· niveau 2, les Etats. Un puzzle d’Etats se disputant, par la menace ou la guerre, dans un jeu aux règles minimalistes, l’influence sur les territoires de la planète ;
· niveau 3, le marché. Un réseau hiérarchisé de centres et de périphéries dans lequel prend place tout ce qui peut s’échanger ;
· niveau 4, la société mondiale. Aux linéaments fragiles, parfois réversibles, c’est un espace unifié de la culture, de l’éthique et du politique.
Ces différentes logiques s’influencent aussi mutuellement. Une structure communautaire peut servir de ressource à l’Etat (la nation ethnico-territoriale à l’européenne) et aussi à une insertion dans la sphère des transactions marchandes (les diasporas chinoises) ; mais elle peut tout autant, en sens inverse, détruire les Etats (guerres interethniques africaines) ou s’opposer à l’inclusion dans les réseaux mondiaux d’échanges (fondamentalisme islamique). On a là un " système de systèmes " dans lequel chacun des quatre composants possède une autonomie non négligeable mais interagit fortement avec les autres.
Ces multiples actions et rétroactions souvent contradictoires invitent à une critique du systémisme " première manière ", issu de la physique et de la biologie, ou plus probablement d’une vision appauvrissante de ces disciplines. Dans cette approche, l’accroissement des déséquilibres (rétroaction positive) ne pouvait qu’aboutir à la destruction du système. L’étude des temporalités du social montre que ce type d’évolution n’est qu’un cas particulier. L’enjeu du devenir d’une société n’est pas l’homéostasie (retour à l’équilibre précédent) ou la mort mais la production à partir d’elle-même d’une autre réalité - d’une autre société -, au travers de processus qui se développent en rupture plus ou moins nette avec l’état antérieur. Le systémisme qui convient aux sciences sociales est donc nécessairement dialectique il doit inclure les notions de contradiction interne, de dépassement et d’intégration. Cela dit, la sophistication des logiques causales, le passage de la rétroaction simple à une interaction multiple ne signifie pas que l’on renonce à y voir clair, à différencier et à hiérarchiser. Le travail du chercheur qui prend pour objet la réalité en train de se faire est bien là, dans la tentative de caractériser une situation avec le maximum d’efficacité pour les utilisateurs éventuels, ce qui suppose un usage économe des concepts et des théories. En ce sens, le recours à la notion de complexité ne doit pas signifier qu’on s’autorise à fabriquer des édifices intellectuels baroques, tellement riches en torsades et en volutes qu’ils en deviennent illisibles, évitant ainsi de courir le risque d’une confrontation avec les réalités empiriques.
Pour notre part, nous n’avons pas hésité à aller à contre-courant des commentaires journalistiques du moment en considérant, arguments à l’appui que, à l’échelle mondiale, les mouvements allant dans le sens du passage de la fragmentation à l’intégration et de la communauté à la société étaient plus déterminants que les mouvements, également présents, en sens contraire. Ainsi avons-nous caractérisé l’effondrement du communisme comme l’échec du tout-géopolitique et comme la preuve expérimentale qu’un modèle de développement fondé sur une " déconnexion " vis-à-vis des marchés mondiaux - celui des idées comme celui des biens - ne possède pas de viabilité à long terme dans le monde actuel. Cela signifie que la fin de la guerre froide ne correspond nullement à une " perte de sens " qui résulterait de la disparition de " camps " bien identifiés. Au contraire, le brouillage des valeurs caractéristique de cette période, où l’on voyait les " horizons d’attente " asservis aux logiques impériales, s’est effacé, laissant place à une construction, jusqu’ici modeste et lacunaire, d’un cadre éthique, juridique et politique commun.
Cette thèse mérite bien sûr d’être discutée. Ce qui semble acquis, en tout cas, c’est que l’opposition " réalité "/" représentation " n’est pas fondatrice d’un principe hiérarchique. C’est là un trait majeur de la complexité propre aux sciences sociales. Les constructions mentales, les significations, les discours deviennent des " faits " possédant une force explicative égale à celle des réalités qu’ils "représentent". L’activité humaine de communication doit être vue dans toute son ampleur, y compris lorsqu’elle consiste en des actions matérielles ou qu’elle se manifeste dans des objets fabriqués et utilisés. Tout notre environnement devient alors émetteur de signes. Comme l’a vu Maurice Godelier (3), ce qui compte c’est la place des pratiques et des discours dans la production de la société. L’étude de la mondialité contemporaine montre l’importance décisive de la part idéelle des " dominances " : la conception qu’une société se fait d’elle-même et de son contexte joue un grand rôle dans la lecture qu’elle fera des informations qui lui parviennent et dans la réponse qu’elle leur apportera. Si nous voulons comprendre la divergence spectaculaire d’évolution, ces dernières décennies, entre l’Asie orientale et l’Afrique subsaharienne, nul doute que nous devions en passer par là. " Par là", cela veut dire par l’étude des représentations " en action ", et non par un culturalisme intemporel qui serait bien impuissant à nous expliquer pourquoi c’est à tel moment que les choses se sont passées, pourquoi, à un moment donné, le confucianisme, un certain type de rapport au travail, à la famille, à l’Etat, une certaine vision de l’espace et du temps ont pu rencontrer une dynamique venue de l’extérieur. A partir d’un stock de représentations donné, s’opère en permanence un travail de sélection, de mobilisation, de traduction, d’altération. Si l’action est discours, le discours est donc aussi action, et notre capacité de comprendre le social passe par une aptitude à utiliser simultanément ces deux grilles de lecture complémentaires.
La mise en avant de l’action conduit à ceux qui la portent. Dès lors qu’on admet l’existence d’acteurs, cela semble impliquer des points de vue et des logiques multiples au sein de chaque société, donc un nouveau degré dans la complexité la dialectique des " masses " et des " classes " devient alors dialogique des acteurs. A moins, bien sûr, qu’il n’y ait qu’un seul acteur, ce qui simplifierait tout. D’où la délicate question du rôle des individus.
Individuel et sociétal
L’apparition nette depuis deux siècles, en Occident, de l’individu, sa montée en puissance progressive depuis cinquante ans ont modifié, avec un certain décalage, tout le dispositif des sciences sociales.
Face à ce défi, mais aussi devant le refus de plusieurs courants théoriques à reconnaître la pertinence de l’objet-individu, l’attitude la plus naïve a consisté, sous le vocable d’" individualisme méthodologique ", à contester toute pertinence à des logiques supra-individuelles. Dans sa version la plus radicale, c’est l’intérêt de penser la société comme un tout qui était mis en question. La reconnaissance de l’individu comme acteur a aussi été l’occasion de glissements subreptices visant un " retour du sujet " : après avoir été enterré agonisant par les grands " récits " structuralistes (marxisme, psychanalyse, anthropologie, linguistique), l’Etre reviendrait à la vie on n’ose imaginer dans quel état. Dans les deux cas, l’individu se trouverait affranchi de la société. On pourrait se contenter soit d’une psychologie fruste, celle par exemple qui sous-tend les théories utilitaristes, soit d’une métaphysique (en fait une métapsychologie) de la transcendance et du libre-arbitre. Les orientations les plus stimulantes me semblent devoir être trouvées ailleurs (4). En fait, et c’est un des paradoxes de la complexité, l’individu constitue peut-être le cas le plus évident de la nécessité d’un point de vue global.
L’individu est un acteur de sa biographie : il possède une marge de manoeuvre croissante lui permettant d’exercer des choix le concernant, mais il est un acteur partiel et un acteur lui-même produit. Partiel parce qu’il n’est que l’un des protagonistes de sa propre vie. Cela offre un principe simple de classement au sein d’une société : on est plus ou moins acteur des bifurcations majeures de sa biographie. Produit, il l’est bien sûr par des acteurs multiples, individus et collectifs, mais aussi par la société tout entière, qui crée un contexte ou ce que l’on peut faire et ce que l’on ne peut pas faire est déterminé... et déterminant. L’individu-acteur occidental contemporain s’est progressivement libéré de l’emprise communautaire, avec d’ailleurs des contre-tendances non négligeables ; il est devenu solitaire mais il est, en un sens, moins seul que jamais. Cependant, cette myriade de flèches causales qui convergent vers lui ne l’empêche pas d’exister comme force d’organisation unifiée. L’individu contrôle peu de choses, mais il dispose, peu ou prou, d’une capacité d’arbitrage qui lui est propre. Il est un acteur intentionnel, capable d’exprimer consciemment des connaissances, des valeurs, des jugements et des projets, y compris à grande échelle. Ses stratégies interfèrent avec celles d’autres acteurs, parfois plus puissants que lui, mais pas seulement au sein d’un jeu à somme nulle : la coopération est également possible. Le discours que (se) tient l’individu mérite d’être critiqué mais aussi pris au sérieux et non rejeté comme un simple " reflet déformé " de la réalité (5).Tout cela conforte l’intérêt des enquêtes qualitatives. des entretiens, des cartes mentales, etc., largement issues des techniques de travail des anthropologues, qui nous en apprennent souvent beaucoup plus qu’un sondage, pourtant plus lourd.
La marge de liberté que la société produit en le produisant fait de l’individu, une fois de plus, un concentré, singulier et global à la fois de la totalité sociale, un " bob-gramme ", dirait Edgar Morin. " Particule élémentaire " des organisations, " atome " social, l’individu possède aussi un niveau de complexité comparable à celui de la société (ou souvent : des sociétés) où il évolue. Cette caractéristique est très contraignante pour les sciences sociales. Elle enlève beaucoup d’intérêt aux procédures in vitro, aux expériences par lesquelles on cherche à abstraire, à désocialiser et à déshistoriciser les comportements. Ce constat place en situation délicate tout le domaine de la " psychologie expérimentale " et relance les conflits " territoriaux " entre " sciences cognitives ". Se trouvent aussi dévalorisées les approches factorielles, qui consistent à débiter l’individu en tranches. Ces méthodes ont pu convenir jusqu’à une période récente, lorsque les appartenances communautaires restaient fortes et que l’on pouvait résumer un comportement individuel, par exemple en politique, par une somme de propensions issues d’attributs indépendants et stables : classe, religion, âge, sexe donnaient, bien combinés, une prédictibilité non négligeable : l’ouvrier " votait pour l’ouvrier " (6). Tel n’est plus le cas aujourd’hui. Les appartenances s’affaiblissent, leur combinaison devient fluide et, plus profondément, c’est la relation entre ces indicateurs et le comportement politique qui est mis en question : les individus se déterminent en fonction des enjeux, tels qu’ils les perçoivent, au coup par coup ; ils distancient mieux qu’avant leurs relations avec les discours et les actions, les entreprises politiques et leurs chefs ; ils connaissent mieux l’usage et les limites de leur propre pouvoir. Bref, parce qu’elle se compose aussi d’individus, la société politique s’est rapprochée, d’une manière peut-être inattendue et déconcertante, de l’idée de citoyenneté. En économie et dans les rapports sociaux de même qu’en politique, les individus ne sont plus le " grain de sable " d’un système social qui fonctionnerait avant tout sans eux : ils en sont devenus le coeur et le moteur.
La complexité : un paradigme intégrateur
Concluons par cette idée : le paradigme de la complexité apparaît comme une bonne méthode pour intégrer les innovations et les mutations théoriques des dernières décennies. Intéressant la démarche scientifique en général, il apporte une impulsion particulière à la connaissance du social, domaine par excellence de l’interpénétration, de l’interaction et de la globalité.
Sur le plan théorique, quatre points balisent ces nouvelles orientations :
1. le systémisme évite les faiblesses des approches mécanistes de la causalité, que ces dernières soient déterministes, probabilistes ou factorielles ;
2. la prise en compte d’une historicité irréversible mais non linéaire, faite de ruptures et de continuités, s’écarte de la vision structuraliste qui s’interdisait, en droit ou en fait, de repérer la production du temps par les sociétés ;
3. la " pragmatique ", comme mise en valeur des acteurs, de l’action et de leur intentionnalité, permet d’échapper à l’impasse intellectuelle qui reléguait les hommes à l’état d’agents inertes de leur propre devenir... à l’exception des rares penseurs conscients du problème ;
4. l’herméneutique, au sens précis d’examen de toute activité humaine comme ensemble de discours et de significations, ouvre sur un domaine de recherches autrefois bloqué par la croyance dans le " primat " des forces matérielles.
Du point de vue, plus épistémologique, de la réflexion des chercheurs sur leur propre travail, le paradigme de la complexité se caractérise par trois attitudes fondamentales :
1. l’insistance sur la nécessité de vigoureux efforts théoriques face à un empirisme et un éclectisme encore très présents dans la vie quotidienne de la recherche : comprendre nécessite d’expliquer, qui suppose de décrire, qui exige d’inventer - de fabriquer des objets discursifs inédits ;
2. l’orientation constructiviste qui, à l’inverse du positivisme, conduit à la fois vers l’imagination conceptuelle et la modestie : les sciences (sociales) ne découvrent ni ne dévoilent, elles proposent en construisant, elles sont science parce que fiction ;
3. la réintégration de la production de connaissances dans la société : à l’inverse d’une prétention au " surplomb " et au " soupçon " que pouvait laisser planer une épistémologie trop abstraite, coupée de la sociologie et de l’histoire des sciences, les sciences sociales doivent aussi se poser à elles-mêmes des questions identiques à celles qu’elles posent aux autres activités humaines.
Comme l’ont montré, chacun à leur manière, Marcel Gauchet (7) et Olivier Mongin (8), les sciences sociales revalident, à travers leur renouvellement actuel, leur projet essentiel : rendre compte des sociétés sans recourir à des causalités extérieures, et donc chercher à expliquer le social par le social. Permettant aux sciences de l’homme de parcourir l’ensemble du spectre entre la partie et le tout, entre le " local " et le " global ", le paradigme de la complexité rend possible un dialogue plus équilibré, plus clair et plus productif avec la philosophie. Il participe du double processus, engagé dès la Renaissance et relancé depuis un siècle, d’objectivation du social et d’humanisation des sciences humaines. Il donne, en lui ôtant sa coloration naturaliste, un nouveau sens au programme de Durkheim : " traiter les faits humains comme des choses. "Car les " choses " se trouvent être, de quelque façon qu’on les regarde, bien plus historiques, sociales et vivantes qu’on n’avait pu le croire. Ce qui n’a pas vieilli dans le message de Durkheim, c’est la recherche, par un acte subjectif, conscient et volontaire du chercheur, d’une posture permettant la construction d’un objet qui lui devienne étranger. On rejoint là une contradiction intrinsèque à l’acte de connaître. En retravaillant cette contradiction fondatrice, les sciences sociales prouvent qu’elles s’exercent, au moins de temps en temps, à penser.
NOTES
(1) C’est une idée que développe Olivier Dollfus dans " Le système-monde" R. Brunet (dir.), Géographie universelle, Paris/Montpellier, Hachette/Reclus, t. 1, 1990.
(2) M-F Durand, J. Lévy, D. Retaillé, Le Monde : espace et systèmes, Paris, FNSP/Dalloz, 1992.
(3) Maurice Godelier, L’idéel et le matériel, Paris, Fayard, 1984.
(4) L’école allemande de sociologie, avec notamment Georg Simmel, Ferdinand Tönnies et Norbert Elias, a apporté une première contribution décisive à l’analyse de la place des individus. Les travaux de Louis Dumont prennent la suite, dans une perspective comparable. Sur les développements récents, on pourra consulterEspacesTemps " Je et moi. Les émois du je. Questions sur l’individualisme ", n° 37, 1988.
(5) Voir le dossier " Ce qu’agir veut dire ". Boitanski, Thévenot, Callon, Latour, Pollak, Quéré : " Une percée en sciences sociales ", EspacesTemps n° 49-50, 1992, pp. 560.
(6) Voir à ce sujet Jacques Lévy, L’Espace légitime, Paris, Presses de la FNSP, 1994, en particulier les chapitres 4 et 9.
(7) Marcel Gauchet, " Changement de paradigme en sciences sociales ", Le Débat, Les Idées en France 1945-1988, Paris, Gallimard, coll. Folio, 1989.
(8) Olivier Mongin, Face au scepticisme, Paris : La Découverte, 1994.
Bibliographie
Première approche
· Introduction à la pensée complexe, E. Morin, E.S.F., 1990.
Comment renoncer au mythe d’une élucidation totale du réel sans renoncer à la pensée ? Comment intégrer le désordre et le hasard, le sujet et l’objet dans la connaissance ? Pour une première approche de la complexité.
· La Complexité : une théorie de la vie au bord du chaos, R. Lewin, Inter éditions, 1994.
Présentation très vivante des recherches menées au Santa Fe Institute de Los Alamos (Nouveau-Mexique), centre de recherche sur les sciences de la complexité.
· Ordres et désordres, enquête sur un nouveau paradigme, J.-P. Dupuy, Seuil, 1982.
J-P. Dupuy, directeur du CREA, a été un de rares Français au coeur des débats sur la naissance des théories de l’auto-organisation. A lire aussi, son dernier livre : Aux origines des sciences cognitives, La Découverte, 1994, qui raconte l’histoire des conférences Macy (aux Etats-Unis) sur la cybernétique, la théorie des systèmes, l’auto-organisation et la complexité.
· Du Cosmos à l’homme : comprendre la complexité ; J.-J. Salomon, H. Reeves, I. Stengers et al., L’Harmattan, 1991.
· Les Défis de la complexité ; vers un nouveau paradigme de la connaissance ? D. de Béchillon (dir.), L’Harmattan, 1994.
Deux livres qui regroupent les conférences pluridisciplinaires organisées par le Groupe de réflexion transdisciplinaire de Pau.
· Guitta Pasternak (entretien avec). Faut-il brûler Descartes ? La Découverte, 1991.
Une série d’entretiens avec des scientifiques autour de l’ordre, du désordre, de la complexité, etc.
Sur l’analyse systémique
· La Systémique, Puf, " Que sais-je ? ", D. Durand, 1994.
· Le Macroscope, J. de Rosnay, Seuil, 1975.
Sans doute le meilleur ouvrage d’introduction sur le sujet. Vif et intelligent.
· La Théorie générale des systèmes, L. Von Bertalanffy, Dunod.
Le livre de référence.
· La Modélisation des systèmes complexes, J.-L. Lemoigne, Dunod, 1990.
La complexité selon Edgar Morin
· La Méthode : t. 1, La Nature de la nature, Seuil, 1977 ; t. 2, La Vie de la vie, Seuil, 1980 ; t. 3, La Connaissance de la connaissance, Seuil, 1986 ; t. 4, Les Idées, leur habitat, leur vie, leurs moeurs, leur organisation, Seuil, 1991.
Dans cet immense édifice intellectuel, E. Morin explore toutes les facettes de la notion de complexité et élabore de nombreux concepts (auto-éco-ré-organisation, dialogique, principe hologrammatique, principe de récursion...).
· La Complexité humaine, Flammarion, 1994.
Recueil de textes déjà publiés d’Edgar Morin, précédés d’une longue introduction de Heinz Weimann. Une bonne vue d’ensemble sur la pensée de l’auteur.
Auto-organisation
· Les Théories de la complexité autour de l’oeuvre d’Henri Atlan, actes du colloque de Cerisy-la-Salle. F. Fogelman Soulié (dir.), Seuil, 1991.
Des spécialistes venus d’horizons différents (mathématiques, physique, biologie, philosophie) réfléchissent autour d’Henri Atlan sur le thème de la complexité.
· L’auto-organisation, coll., P. Dumouchel et J.-P. Dupuy (dir.), De la physique au politique, éd. Seuil, 1983.
Un des ouvrages de référence sur le sujet, issu des communications aux colloques de Cerisy.
Théorie du chaos
· La Théorie du chaos, James Gleick,rééd. Flammarion, 1991.
Le Grand livre de vulgarisation sur le sujet.
· P. Bergé, Y. Pomeau, M. Dubois-Gance, Des Rythmes au chaos, éd. O. Jacob, 1994.
Informé, clair et vivant : une réussite.
A lire également
· L’Intelligence artificielle, J.-C. Perez, Masson, 1989.
Un remarquable outil pour découvrir et approfondir les notions d’auto-organisation, de dynamique chaotique, de fractales. Un appareillage mathématique minimal.
· Les Rêves de la raison : l’ordinateur et les sciences de la complexité, Pagels, Heinz, Inter éditions, 1990.
A la fois ouvrage de vulgarisation et réflexion prospective sur le mariage de l’ordinateur et des théories de la complexité.
· L’Horizon des particules complexité et élémentarité dans l’univers quantique, G. Cohen-Tannoudji, J. Baton, Gallimard, 1989.
La physique, en cherchant à trouver la particule la plus élémentaire de la matière, découvre la complexité derrière l’élémentaire.
· La Cohérence du réel, évolution, coeur du savoir, E. Laszlo, Gauthier-Villars, 1989.
Une tentative pour appliquer les théories d’émergence, de bifurcations, de dynamiques chaotiques, aux transformations sociales. Stimulant.
· Le Quark et le Jaguar, aux pays du simple et du complexe, Murray Gell-Mann, Albin Michel. (à paraître en mars 1995).
Physicien, " inventeur " des quarks et fondateur du Santa Fe Institute, spécialisé dans les sciences de la complexité.
· Management des systèmes complexes, M. Bonami, B. de Hennin, J.-M. Boqué, J-J. Legrand, De Boeck, 1992.