L'utilisation du génogramme au cours de l'entretien familial
L'UTILISATION DU GENOGRAMME AU COURS DE L'ENTRETIEN FAMILIAL
Source : http://perso.wanadoo.fr/dominique.guichard/
Par Dominique GUICHARD
Généralités
Le génogramme est une façon de dresser l'arbre généalogique d'une famille permettant de lui restituer, sur un mode analogique, une représentation de son fonctionnement et de lui permettre d'accéder à la compréhension du sens du symptôme d'un de ses membres dans l'ici et maintenant de la famille, mais aussi dans sa dimension transgénérationnelle.
Ainsi, le génogramme permet aux membres d'une famille de se voir d'une autre manière, sous un autre angle, recadrant par là même des comportements chargés émotionnellement en créant de nouvelles perspectives qui aident à comprendre les réponses familiales jusqu'alors génératrices ou renforçatrices du comportement symptomatique du patient désigné. Il permet d'établir des liens jusqu'ici inconnus ou tout du moins inconscients entre le problème qui nous est soumis et les différentes interactions souvent répétitives des patterns familiaux avec ses règles, ses mythes et ses résonances issus du passé et des générations précédentes.
Le génogramme peut mettre en lumière à la fois les modes relationnels actuels et les modèles historiques chargés émotionnellement, mais aussi les structures familiales dysfonctionnelles. En effet, les familles se répètent. Ce qui arrive dans une génération se rejoue souvent dans la suivante. Les mêmes solutions aux difficultés de la vie sont " transmises " d'une génération à l'autre, bien que le comportement symptomatique actuel puisse revêtir des formes différentes, on pourrait dire des couleurs différentes. Soumise à trop de stress ou d'anxiété sur l'axe horizontal, c'est-à-dire dans les relations présentes, n'importe quelle famille va vivre le dysfonctionnement, la plupart du temps sous la forme d'une " crise ". Si des réactivations additionnelles interviennent dans le champ vertical, c'est-à-dire dans un contexte répétitif transgénérationnel, il y a de fortes chances pour que la famille se retrouve démunie pour faire face à un état de crise qui généralement pourrait être dépassé sans risque majeur de désorganisation familiale. C'est alors la " panne ". La famille reste bloquée dans le temps arrêté du symptôme, épuise ses solutions répétitives et stériles, incapable de sortir de ses propres impasses, ne sachant plus quoi faire et n'ayant d'autre ressource que de faire appel à un tiers médiateur, sorte d'issue de secours.
L'établissement du génogramme procure d'importantes clés pour comprendre la nature de ces impasse et pouvoir se réorganiser en avançant. En ouvrant le champ des possibles, on réactive les capacités de la famille à pouvoir trouver elle-même les solutions jusque là inimaginables. La créativité ainsi libérée des contraintes issues des loyautés passées, redonne à la famille la maîtrise de son destin et le pleinitude de ses compétences engourdies.
Construction du génogramme
La construction du génogramme doit revêtir un caractère " clinique ", c'est-à-dire que chacun doit pouvoir exprimer ses sentiments dans la mesure de ce qu'il peut exprimer et avec les mots qui lui sont propres. Il ne s'agit en aucun cas de dresser un arbre généalogique exhaustif sur plusieurs générations, mais plutôt de susciter des réactions émotionnelles et un échange entre les différents membres de la famille à partir de ce qu'ils ont envie de livrer et en respectant les défenses inévitables qui sont réactivées dans ce cadre.
Il est d'usage de laisser l'initiative au porteur du symptôme (l'enfant si c'est le cas) de la manière de représenter la famille et de désigner qui va figurer sur le génogramme, avec sa propre façon de les désigner : nom, prénom, surnom, diminutif, événements, commentaires, âge, etc.
Cependant, un code commun doit être respecté afin de permettre la meilleure lisibilité possible de la complexité familiale.
La figuration des personnes et des lignes représentant leurs relations se fait par les symboles standardisés suivants:
Fig.1
Symboles
Utilisation dans le cadre scolaire
Les difficultés scolaires des enfants, et surtout leur cristallisation sous forme d'échecs insurmontables sont souvent des phénomènes répétitifs dans les familles. La plupart du temps, si on se donne la peine de creuser un peu, ces échecs apparaissent comme le résultat de véritables processus qui s'inscrivent dans des mythes familiaux où la réussite scolaire d'un enfant peut être ressentie comme une trahison vis à vis des règles établies depuis plusieurs générations.
Dans d'autres cas, le comportement insupportable d'un enfant ne peut être compris par l'école ou par la famille qu'à la lumière d'événements souvent appréhendés de manière linéaire et incomplète. Enfin, nous rencontrons nombre d'enfants qui ont du mal se situer dans des familles disloquées ou recomposées et où leur place symbolique est dissoute dans des paroles de circonstance, voire masquée par des secrets lourds de conséquences sur le plan de la construction de la personnalité avec son lot d'inhibition relationnelle, verbale ou même intellectuelle.
Permettre à l'enfant d'avoir " son mot à dire " et de pouvoir poser les questions suscitées par la construction du génogramme justifient l'emploi de cet outil dans le cadre des suivis en psychologie scolaire.
Enfin, les difficultés scolaires et leurs conséquences sont un des principaux motifs de consultation médico-psychologique. Des entretiens préalables sont nécessaires à l'élaboration d'une demande fondée sur une compréhension des principes qui la justifient. Conseiller " sèchement " aux familles la consultation d'un service ou d'un spécialiste extérieurs à l'école ne revêt pas le caractère d'une démarche professionnelle digne d'un psychologue.
Illustration
Yann VAUZELLE a 6 ans. Au mois d'octobre, l'institutrice du Cours Préparatoire sollicite le psychologue scolaire apparemment à la demande insistante de la maman. Yann a des problèmes relationnels avec ses camarades et la maîtresse, mais aussi avec sa mère, son beau-père et surtout son père. Cependant, il n'a pas de difficulté d'apprentissage. La maman vit très mal la situation.
1er entretien
Mère, Yann et Jordan (4 mois)
Psychologue | (à Yann) Sais-tu qui je suis ? |
Yann | Non. |
Mère | Si, je t'ai expliqué ! je t'ai dit pourquoi. Je t'ai dit Monsieur Guichard, c'est un psychologue. |
Psychologue | Pour quelle raison vous venez me voir ? |
Mère | Déjà l'année dernière, ça commençait en maternelle. En classe, "Monsieur" parle tout haut. Il peut pas être sérieux. A la maison ça va à peu près. Mais dès qu'il est en dehors de la maison ! Ça a commencé vers l'âge de 4 ans. |
Yann | Maintenant j'ai arrêté, là, Maman. Il est où Erwan? |
Psychologue | C'est ton frère ? |
Mère | Il a 4 frères. |
Yann | Jérôme, Antoine, Erwan. |
Mère | Et Jordan. |
Yann | Oui, Jordan. |
Mère | Je vous explique la situation de famille. Je suis divorcée. Il va chez son père, c'est la catastrophe. |
Yann | Areuh ! J'ai envie de faire pipi. (Yann se rend aux toilettes) |
Psychologue | (au retour de Yann) Tu sais dessiner ? |
Yann | Oui. |
Psychologue | Montre moi. (Yann dessine) (à la mère) Il est vif ! |
Mère | Heureusement que c'est le seul dans la famille. Il faut le stopper. Il a pas de limites. Il parle tout haut. Quand il est hors de la maison, c'est un petit monstre. Chez son père… Il devait le prendre 15 jours. Au bout de 8 jours, il me l'a ramené. Il a fait 300 kilomètres. Il a dit qu'il allait faire pipi dans sa culotte, il l'a fait. Je lui ai dit qu'il serait mieux là-bas, au bord de la mer, qu'à la maison. Je ne sais pas s'il se rend compte. Quand on lui dit, il dit " je sais pas ". Il se roule par terre chez mon mari, chez nous il le fait jamais. J'ai l'impression qu'il a 2 personnalités. Un gentil garçon et une autre, un petit démon. J'appréhende de le mettre chez quelqu'un. Je m'attends au pire. Il est très câlin, très affectueux. Il aime bien ses frères. |
Yann | Le dessin va être pour que tu l'accroches à la maison. Maman, tu marques là, où on va (la mère écrit " La Rochelle " sur le dessin). |
Yann | (dans un mouvement brusque, Yann a peur d'avoir touché son petit frère) Excuse Jordan ! T'es beau Jordan ! |
Mère | Son père habite à La Rochelle. |
Yann | C'est bien d'avoir 2 pères. |
Mère | Mais il y en a un, c'est ton vrai papa, et l'autre… Quand je me suis mariée, il voulait s'appeler Huon. J'ai eu des problèmes avec mon ex mari. |
Psychologue | Je suis un peu perdu dans tout ça. On va faire un dessin (génogramme). |
Psychologue | (à Yann, manifestement très intéressé) Entoure les personnes qui vivent ensemble. (Yann entoure sa mère, lui et ses 2 frères, mais n'inclut pas Michel, son beau-père) Michel n'habite pas avec vous ? |
Yann | Si. Attends ! (Yann tente de rectifier, mais ne fait qu'isoler Michel) |
Psychologue | Là, c'est l'ange ? |
Mère | Quand il est occupé, ça va. Il est tout le temps en train de bavarder. |
Yann | Tu vas lire tout ça. Tu - lis ! (autoritaire, il somme sa mère de lire ce qu'il a écrit sur son dessin et met des annotations). |
Mère | Il a toujours voulu lire. A la fin de chaque leçon, il s'ennuyait , il faisait suer la maîtresse. Il a appuyé sur l'alarme incendie. On lui avait dit, si tu appuies, les pompiers vont venir. |
Yann | Maintenant, j'ai arrêté. |
Psychologue | Il voulait tirer sur la sonnette d'alarme. Qu'est-ce qui s'est passé, il y a 4 ans ? |
Mère | Il y a la naissance de son frère qui a maintenant 3 ans. Il était enfant unique. |
Yann | Avant, j'étais très sage. Hein ! Maman ! |
Psychologue | Quand, tu étais très sage ? |
Yann | Quand j'étais tout petit. |
Mère | Pourtant il n'a jamais manifesté d'agressivité vis à vis de son frère. |
Psychologue | Voulez-vous que l'on continue de parler de tout ça, ou est-ce que cela vous embête ? |
Mère | Monsieur VAUZELLE, il était pas pour le psychologue scolaire. Il voulait un psychologue ailleurs. Je lui ai dit d'en chercher un. Il avait peur que ça se répande sur le travail scolaire. |
Yann | Il est dans une école le monsieur. |
Mère | Il aime beaucoup son papa. |
Psychologue | Qui ? |
Mère | Michel. |
Yann | Regarde comme je lis bien (Yann sort son livre de lecture de son cartable et lit) |
Mère | Les lettres, il a eu le sens très tôt. |
Yann | (Yann lit le mot " mère ") Maman, c'est pas bien de dire ça ! |
Mère | Je trouve pas ça joli de dire " mère ", je préfère " maman ". |
Psychologue | Et " papy et mamie " ? |
Mère | C'est les parents de Michel. |
Psychologue | Monsieur VAUZELLE a peut-être raison de penser que l'école n'est pas le lieu idéal pour parler de tout ça. |
Mère | Moi, je préfère. Je l'ai jamais connu comme ça. Il n'a pas fait de bêtise. C'est que cela lui convient. |
Psychologue | Et Monsieur VAUZELLE, que va-t-il en dire ? |
Mère | Il n'est pas contre. Si Monsieur VAUZELLE doit venir, je vous le dirai. |
Psychologue | Et Monsieur HUON ? |
Mère | Monsieur HUON, il peut venir, il était d'accord. |
Psychologue | Quand souhaitez-vous que l'on se revoie ? |
Mère | Le plus tôt possible. |
Fig.2
Dessin de Yann
Fig.3
Génogramme
2ème entretien
Mère, Michel, Yann, Jordan et Damien (neveu de la mère)
Psychologue | De quoi avions nous parlé la dernière fois ? |
Mère | J'ai eu des remarques sur le cahier (la mère montre le cahier avec des annotations concernant la discipline). |
Psychologue | Le petit monstre. |
Mère | À l'école et chez mon ex mari quand il y va. |
Michel | C'est surtout chez lui. |
Psychologue | Vous l'avez connue quand ? |
Michel | Le lendemain de la naissance. |
Psychologue | Vous avez le rôle du papa depuis le début . |
Michel | Et on va dire que j'ai suivi la grossesse et tout. J'ai toujours été là. Même si Jacques était là aussi. |
Psychologue | Donc on se voit au sujet du comportement de Yann. |
Mère | Oui. |
Psychologue | Il a sans doute de bonnes raisons d'être comme ça ? |
Mère | Quand je lui demande pourquoi, il dit " je sais pas ". Quand il était petit, il était gentil. C'était un bébé très facile. |
Michel | On allait n'importe où, il pouvait s'endormir n'importe où. |
Mère | On pouvait le changer de nounou, aucun problème. |
Psychologue | C'est l'enfer chez votre ex mari. |
Mère | Il est allé voir un autre psychologue, il voulait pas scolaire. Il a juste dit qu'il a une hyper attention. S'il a un conflit intérieur, ça vient pas du milieu où il vit. |
Michel | C'est chez son ex mari. |
Mère | Il va se rouler par terre. Il fait tout à l'envers. |
Michel | Je joue pas beaucoup avec lui. Des fois le papa il rentre du boulot et il a pas envie de jouer. |
Psychologue | C'est chez votre ex mari. |
Mère | Bébé, il regimbait beaucoup. Il voulait pas y aller. |
Michel | Dès 4 mois. |
Mère | J'acceptais mal qu'il aille le voir. Après j'acceptais plus à le laisser. |
Yann | Papa, t'as de bonnes notes. |
Michel | Je retourne à l'école. Je suis en formation. |
Yann | Si, t'as de bonnes notes. |
Psychologue | Il est un peu commandant. |
Michel | C'est à croire qu'il veut prendre notre place, des fois. |
Mère | Je voulais qu'il garde le contact le plus possible avec ses frères. Le foyer où j'étais n'avait pas accepté l'aîné. |
Michel | Parce qu'il avait plus de 3 ans. Les 2 aînés sont très liés. |
Mère | Ils font penser à des jumeaux. Le syndrome des jumeaux. |
Michel | Les séparer, ça aurait été dur pour elle. |
Yann | Les jumeaux ont le même nom, pas le même prénom. |
Psychologue | Pas le même nom que tes petits frères, ça t'agace ? |
Yann | Non. |
Michel | Des fois, tu joues à t'appeler HUON ? |
Yann | Oui. |
Mère | Il fait des lettres, du courrier. |
Michel | Ça t'agace de t'appeler VAUZELLE ? |
Yann | Oui. |
Psychologue | Il doit voir un père qui n'est rien pour lui. Il n'est que le géniteur. |
Mère | C'est ça. |
Michel | Le week-end dernier, il voulait pas y aller. |
Yann | J'y suis allé pour pas y aller ce week-end. |
Michel | Chez Jacques, c'est quand même pas mal. Il y a la console, l'ordinateur. |
Yann | … |
Michel | Il a voulu faire tous les métiers que j'ai faits. |
Psychologue | C'est de l'amour. |
Michel | Je crois bien. Je lui ai dit, faut que tu ailles à l'école, pas comme papa. |
Mère | Il voulait faire policier ou travaux publics. |
Psychologue | C'est adorable. |
Mère | On dirait un dédoublement de personnalité. |
Psychologue | Ça le barbe d'y aller, mais… |
Michel | On a pas le choix. On aurait le choix, on le garderait à la maison. |
Mère | Même une fois, quand on s'est mariés et que je me suis appelée HUON, Yann a dit à son père qu'il allait faire une demande pour s'appeler HUON. Le père était pas content. Je lui ai dit " c'est pas moi, c'est lui ". Il faudrait qu'il n'existe plus. Je lui ai dit " pour l'instant tu peux t'appeler que VAUZELLE " . |
Psychologue | Vous, vous voulez qu'il s'appelle HUON ? |
Mère | Oui, j'aimerais bien. |
Michel | Si plus tard…Les enfants ont le droit à la parole à un certain âge. Jérôme, son grand frère, aimerait bien revenir à la maison, vivre à la maison. |
Psychologue | Vous allez tous les avoir ! |
Mère | Ça me dérangerait pas de tous les avoir. |
Psychologue | (à Michel) Vous êtes là dès le départ ? |
Michel | Même avant. |
Psychologue | Vous voulez dire que vous êtes le père ? |
Michel | Peut-être. |
Mère | Il y a un doute. |
Michel | Vaut mieux rester dans le doute. |
Mère | Au départ, il a fait exprès de le reconnaître. Il avait peur de perdre les 2 aînés. |
Psychologue | Et maintenant ? |
Mère | Le psychologue qu'a vu mon ex mari avait fait ses calculs. Vu que Yann a fait une fixation sur Monsieur HUON. Mon ex mari a dit " il est pas terrible ce psy là. Mon ex mari a forcé Yann à l'appeler papa. |
Michel | Quand tu appelles Jacques, qu'est-ce que tu dis ? |
Yann | Rien. |
Mère | C'est trop dur pour lui. |
Yann | Trop dur. |
Mère | Il joue sur les 2 tableaux. Il dit papa chez lui et à nous il dit Jacques. |
Psychologue | Yann a des ressemblances avec vous. |
Michel | Vous verriez Jacques, on se ressemble comme des frères. Peut-être que mon père a connu sa mère ? Mon père, c'est un chaud lapin. |
Mère | Ton vrai père. |
Psychologue | Vous aussi ? |
Michel | Moi aussi, mon père, je ne l'ai pas vraiment connu. Je connais surtout mon beau-père. Pour moi, c'est comme mon père. Je l'ai connu à partir de 2 ans. |
Mère | Yann, son père n'a pas cherché à le connaître. Pendant 3 ans, j'ai pas entendu parler de lui. Le juge a décidé qu'il devait le voir. Il le voit, c'est tout. Yann le dit, il ne lui a jamais fait de cadeaux à Noël ou pour son anniversaire. Au foyer, il m'a laissée avec une couche et une boîte de lait. C'est tout. |
Psychologue | Il ne lui a pas fait de cadeaux. |
Mère | C'est ça. |
Psychologue | Maintenant il lui fait payer ? |
Mère | C'est ça. |
Michel | Il n'y a que cette année qu'il a des cadeaux comme les autres. |
Yann | Oui. |
Commentaires et conclusion
Yann arrive lourdement désigné par la mère comme porteur d'un problème personnel. Les connotations péjoratives de ses paroles en témoignent : " Monsieur parle tout haut ", etc.
Notre travail a consisté à élargir la problématique au champ familial dans son ensemble et à activer le processus permettant à la famille de reprendre la maîtrise d'une situation qui semblait lui échapper en raison du poids des événements traumatiques et de l'histoire de chacun dans sa dimension historique et répétitive.
Certes le comportement de Yann en classe n'est qu'un prétexte pour permettre à la famille de se poser des questions quant à son devenir.
Leur permettre ce questionnement au cours d'entretiens préparatoires n'est pas " faire de la thérapie familiale ". Ce n'est pas la demande de la famille et ce ne serait pas déontologique de le lui imposer. La famille vient pour " faire le point " et s'engager beaucoup plus sous le couvert de cette banalisation. C'est pourquoi on les aidera à clarifier leur véritable demande de sens et leur mobilisation dont l'objectif est de leur permettre de vivre dans d'autres conditions que celles qui ont amené le symptôme, l'ont entretenu ou se sont créées autour de lui.
Chemin faisant, ils vont découvrir que les symptômes de l'enfant se rattachent à l'histoire des parents.
S'ils font explicitement référence à leurs propres problèmes, ou si à partir de quelques remarques ils arrivent à la conclusion que tout le monde est concerné par les troubles de l'enfant, nous pourrons envisager avec eux, de manière constructive l'intérêt d'un travail du même ordre à l'extérieur de l'école, en toute connaissance de cause.
Cependant, si les parents ne souhaitaient parler que des seuls problèmes de l'enfant, nous nous devons de respecter cette " version officielle ". C'est respecter leurs défenses et le détour qui leur est nécessaire. Il ne nous revient pas de faire le choix de savoir ce qui est bon pour eux.
Bibliographie
AUSLOOS(G) La compétence des familles Erès 1995
BERGER(M) Le travail thérapeutique avec la famille Dunod 1995
GOLDRICK(M)-GERSON(R) Génogrammes et entretien familial ESF1990
ORTIGUES(M-C/E) Comment se décide une psychothérapie d'enfant? Denoël 1986
SANCHEZ-CARDENAS(M) La place des parents dans la consultation pédo psychiatrique de l'enfant et de l'adolescent Masson 1994
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